
Cden extraordinaire, déclaration liminaire
Retrouvez la déclaration liminaire au CDEN en Visio conférence du 17 avril
Le 11 mai, serons-nous prêts ? La FCPE Creuse s'interroge ...
Comme beaucoup, la FCPE a eu la surprise d'apprendre qu'une rentrée des classes était prévue dès le 11 mai. Alors que les services de réanimation du pays sont toujours saturés, qu'il y a encore une pénurie de masques, et que l'on a toujours de nombreuses incertitudes concernant le Covid-19, nous avons beaucoup d'interrogations quant à la faisabilité de cette reprise, eu égard notamment à l'état du bâti scolaire et des sanitaires en particulier.
Le 11 mai, une date que différents ministres ont précisée comme étant être un objectif, avec des aménagements et des adaptations possibles. Le 11 mai est avancé comme date éventuelle de réouverture des écoles, collèges et lycées et nous n’oublions pas les crèches, comme les centres de loisirs. C’est donc enfants, jeunes comme parents, enseignants, personnels éducatifs et administratifs qui devraient reprendre le chemin de la vie collective. Soit près de la moitié du pays qui est concernée.
Une annonce et beaucoup de questions comme d’alertes. Cela ne s’est pas fait attendre, nous nous sommes retrouvés submergés d’appels et courriels de parents inquiets. Beaucoup de parents ont partagé leur position : ils ne mettront pas leurs enfants à l’école s’ils estiment que les conditions du retour des enfants à l’école ne sont pas satisfaisantes en termes de sécurité sanitaire. Comment s’organisera cette reprise de façon progressive ou unilatéralement : par niveau ? par profil d’élève ? avec des protections ? des dépistages ? par petit groupe ? et de quelle taille ?...Le retour à l’école, c’est aussi les transports, la restauration, les temps formels (en classe) ou informels (récréations, couloirs…), les modes de garde après l’école pour les plus jeunes et la vie sociale. Car la vie sociale des enfants et des jeunes est bien aussi au centre des préoccupations. Les enfants ont été une des premières populations confinées, car c’est la population la moins susceptible de mettre en œuvre les gestes barrière et dans la persévérance. Hors l’application des gestes barrières et la distanciation seront essentielles, la pandémie sera toujours présente.
En Creuse et sur l’académie, nous avons présenté à Mme la Rectrice et M. L’Inspecteur Académique, les premières réponses au questionnaire aux parents sur la continuité pédagogique, sur le site de la FCPE Creuse. Il révèle l’ampleur de la fracture : 55 % des parents ont des difficultés : manque d’informations, lien avec l’enseignant, le manque de matériel. 6 % ont des difficultés liées aux Handicap/PAP/ dispositions particulières. 5 % n’ont pas de matériel informatique. 20 % des primaires sont de 4 à 6 heures devant les écrans et 50 % des lycéens. A Limoges, notre entrevue avec la rectrice a commencé par un constat : les parents appellent à l'école morte. Nous avons demandé à connaitre le protocole d’informations aux parents afin de répondre aux inquiétudes légitimes et couper aux phantasmes. Nous avons listé les points de crispations : sécurité des personnels et élèves (donc parents et grands-parents); rythme, effectif et niveau des groupe, assiduité notée, évolution nécessaire de l’école, lacunes en numérique. Nous avons eu l’appel d’une maman qui a dû acheter une tablette et a augmenté son forfait… d’où notre demande de bons pour la connexion numérique et de mise à disposition de matériel. Pour les parents d’enfants en situation de handicap, nous lui avons fait part des décisions de poursuivre l’enseignement à la maison : preuve de l’inadaptation de l’école s’il en est. Il n’y pas de suivi par les AESH pour de nombreux élèves (la réponse à notre administratrice ASH du suivi sur volontariat n’est pas concevable pour nos familles). Il est urgent de conforter l’accompagnement et le statut.
Mme la Rectrice a réaffirmé le principe de précaution quant à la date du 11 mai et s’est engagée sur une communication à 15 jours, selon les spécificités des établissements, puis régulière. La réflexion sur l’organisation basée sur celle mise en place actuellement pour les enfants de soignants sera faite dans la coeducation et suivant les recommandations médicales.
Monsieur l’Inspecteur Académique est à l’écoute lorsque nous nous faisons le relai de situations difficiles de parents : refus de changement de spécialité en terminale devant le décrochage au lycée Bourdan ; refus d’alternative papier par le même lycée ; surcharge de devoirs à imprimer au collège d’Ahun ; stigmatisation involontaire des décrocheurs sur les bulletins au lycée Favard…sur la pression maintenue sur les élèves par la quantité de travail et les notes malgré les recommandations ministérielles.
Il faudra plus que le redéploiement exceptionnel de poste sur le 1er degré (encore faut-il qu’ils soient affectés devant élèves), plus de moyens en second degré, dans l’accompagnement pour le public fragile…Il nous faut les réponses à la hauteur de la fracture sociétale. Le retour des élèves décrocheurs en premier sur volontariat : en auront-ils envie ? Ils sont plus nombreux que les 5 % annoncé dans notre territoire rural. Comment peut-on les faire réintégrer l’école sans les stigmatiser ? Le retour à l’école c’est avant tout pour les enfants un retour à une vie sociale, après une période difficile, voire traumatique, pour certains d’entre eux. Le temps de la parole, du partage d’expérience, des retrouvailles sera nécessaire. Les élèves devront être accompagnés, les personnels formés par des professionnels de santé. Les psychologues, médecins, personnels infirmiers, sanitaires et sociaux auront un rôle majeur. Et pour cela il faudra également des moyens.
Il faudra enfin écouter la FCPE et les organisations syndicales. Cette crise sanitaire n’est pas finie et la société devra s’adapter à vivre avec les pandémies.
Nous remercions l’écoute du rectorat et de l’Inspection.
Nous restons vigilants pour nos enfants.