Lycées en Limousin en question- CAEN octobre 2019

Déclaration liminaire de la FCPE Limousin-CAEN du jeudi 17 octobre 2019

Madame la Rectrice, Monsieur le Vice Président du conseil régional, Mesdames, Messieurs les membres du CAEN,
Rupture d’égalité. Ce sont les mots que la FCPE Limousin retient des derniers articles dans la presse. L’actualité des parents que nous rencontrons n’est pas celle du déni de Laïcité. Nous ne sommes pas dupes de cette tentative de parasitage de la réalité, bien orchestrée. L’urgence dans ce pays est ailleurs : sociale. Les parents sont dans le réel de cette rentrée scolaire, de ses incertitudes, de ses difficultés d’organisation au quotidien, du coût des fournitures, des temps de transport…de ce qui fait la vie d’un élève, d’un lycéen avec en perspective l’après, avec une inégalité toujours plus prégnante.

...Cette rentrée scolaire est un marronnier à la FCPE : manques d’heures, d’enseignants, inégalités…Elle est devenue celle de trop pour des enseignants. « Elle s’appelait Christine Renon, elle avait 58 ans était directrice d’école à Pantin, et aimait son travail… » La déclaration commune à la FSU, UNSA-Education, SGEN-CFDT, CGT, Solidaires, Sud Education, FNEC-FO, Ligue de l’enseignement, JPA et FCPE, commence ainsi. La FCPE Limousin exprime sa vive émotion et assure de son soutien tous les enseignants.

 

L’inquiétude des familles de lycéens est plus grande encore cette rentrée : Le retard de distribution des manuels scolaires n’est pas imputable aux enseignants, aux éditeurs, aux Conseils Régionaux, aux Librairies. Ces familles l’ont bien compris. Nous nous félicitons de l’écoute du Conseil Régional Nouvelle Aquitaine sur la gratuité des manuels et du choix gardé des versions papier. Les surcoûts et retards d’accès aux versions numériques sont le lot des familles d’autres régions qui ont fait ce choix.                                                                                                    .                                                                              La FCPE Creuse s’est engagée à proposer le service solidaire de mise à disposition des manuels directement aux lycées, suivant convention avec le Conseil Régional. La première phase de distribution aux 2ndes et 1ères se termine : les élèves auront leurs livres plus de 2 mois après la rentrée. Les parents nous ont téléphoné tout l’été pour connaitre les modalités, puis dès l’ouverture de l’inscription sur la plateforme informatique pour être accompagnés. Ils avaient bien conscience de l’impréparation de cette réforme. Les lycées qui ont décidé de nous faire confiance ne semblent pas être déçus de notre implication. Les échanges obtenus avec les parents sont essentiels. Un bémol : le lycée de la Souterraine n’a pas désiré suivre la convention et répondre à nos sollicitations, prétextant un retard de distribution. Résultat : ces lycéens seront les derniers à recevoir leurs manuels, après les vacances.                              La FCPE Corrèze, après consultation des Conseils locaux des lycées concernés, ne s’est pas engagée dans cette voie. Nous ne pouvons que constater que certains proviseurs, qui ont fait le choix de centraliser les e-coupons et de faire une commande groupée (ex : Edmond Perrier, Tulles) ont parfaitement géré la question ; les élèves ont leurs livres. Pour d’autres, de nombreux couacs sont à déplorer. Beaucoup de parents ont dû payer le reste de la collection, le proviseur refusant de prendre la différence en charge(Cabanis).

 

Depuis le dernier CDEN, les élèves auraient, semble-t-il, eu accès finalement à leurs choix d’orientation. Réel choix ou manque d’ambition ? Nous n’avons pas la même lecture des chiffres. « Les choix des familles montrent que les élèves ont pleinement usé de leur liberté pour choisir de nouvelles combinaisons ; 45 % des élèves ont fait des choix qu’ils n’auraient pas pu faire auparavant » ou « Les choix des familles montrent que les élèves sont restés prudents quant aux nouvelles combinaisons, soit une majorité relative ».                                                                         .                                                                                                                               Les bilans des premiers CA des lycées nous indiquent que les lycéens ont par prudence reconstitué les anciennes filières scientifiques (mathématique, physique, SVT), devant l’incertitude des conditions d’entrée en études supérieures. C’est cette lecture que nous faisons sur Guéret en Creuse. La confiance n’y est pas. Il leur faut des garanties pour oser assumer leurs choix de spécialités. Manque d’ambition, autocensure d’un public fragile qui reproduit l’ancrage géographique : sur un lycée de Creuse, 93% ne sortent pas de l’académie (69% sur Limoges et 24% sur Guéret).                    .                                                                 Un travail est à mener pour valoriser les stages hors académie et étranger (mobilité, hébergement), ainsi que sur l’estime de soi. Renforcer l’accompagnement, le tutorat, aussi pour les élèves de Segpa.

Autre sujet d’inquiétude les épreuves et le contrôle continu. Au lieu d’avoir un bac moins stressant avec un allègement des épreuves pour éviter le bachotage et une prise en compte du travail de l’élève en amont, le contrôle continu s’annonce déjà périlleux à organiser, intense et inégalitaire. Les parents se plaignent de la grande fatigue des ados en révision permanente, avec des contrôles quotidiens.

Déjà des non-remplacements ont ajouté au stress des élèves. On a même vu des cours de philosophie innovants à la Souterraine, en vidéo, sur une absence depuis la rentrée. L’enseignant vient d’être remplacé. Les parents deviennent des lanceurs d’alerte : Signe révélateur de l’inquiétude des familles.

Les AP n’ont de « personnalisé » que le nom, puisque destiné à une classe ou groupe entier ! Les AVS sont mutualisées et n’assurent pas toujours le nombre d’heures notifié. Le plan autisme est en retard alors que les élèves porteurs de ce trouble fréquentent de plus en plus lycées et internats. Des équipes éducatives se forment enfin à les accueillir. Et toujours les familles qui se heurtent aux enseignants qui s’arrêtent à l’écriture difficile, à la concentration différente des Dys, des HP avec troubles associés : « votre enfant n’est pas volontaire. Il est à la traine ». Qui l’est ?

L’inquiétude est aussi perceptible chez les enseignants. Les conditions de travail difficiles avec des trajets qui s’allongent sur les temps partagés, les suppressions de poste, des dotations in extrémis…

 

Les réformes ont ajouté aux tensions et accablent les acteurs de l’école : personnels de l’Education, élèves, parents, enseignants. Devant la baisse démographique, le choix de réduire le nombre d’établissements va conduire à une concentration d’effectifs, avec projet d’internats. Ce choix de gestion de l’école déshumanise les relations et in fine isole. Est-ce un projet de société qui répond à nos valeurs ?  Non ! La FCPE réaffirme le droit à la réussite, pour notre Ecole de la république, laïque, gratuite, publique.