Nos lycées en questions, CAEN du 4 novembre 2020

A l'occasion du CAEN*, la FCPE Limousin a partagé vos inquiétudes auprès d'Anne Laude, Mme la rectrice et Jean-Louis Nembrini, M. le Vice président du Conseil régional Nouvelle-Aquitaine en charge de l'éducation, par la lecture de la déclaration liminaire.

« Nous, Conseils Départementaux des parents d’élèves FCPE de l’Académie de Limoges, apportons notre soutien aux enseignants en cette rentrée si particulière. Nous sommes extrêmement choqués par l'assassinat odieux de M. Samuel Paty.  Mourir d'enseigner la tolérance … en 2020 !                                                                                                        

L’actualité de cette rentrée est particulièrement anxiogène. Nous sommes au second confinement. La différence avec le premier ? Le niveau d’inquiétude des parents et de leurs enfants. Pourquoi ? Parce qu’ils se rendent compte de l’impréparation avec les contre-ordres de dernière minute : ils ont dû préparer en urgence la rentrée décalée auprès de leurs employeurs, prévoir les masques de leurs enfants dès 6 ans. Ils ont appris souvent par les réseaux sociaux et la presse du retour à la rentrée « normale ». Ils ont entendu les conseils des médecins sur la continuité du port du masque de leurs enfants le soir à la maison, après avoir entendu le gouvernement affirmer que les enfants n’étaient pas porteurs. Soit on avance dans la découverte du virus : plus besoin de faire les groupes restreints d’élèves dans les classes puisque les enfants ne sont pas ou peu porteurs. En fait ils sont porteurs mais 2 fois moins que les adultes.

Les parents, même les plus en confiance, se rendent bien compte que les actes ne suivent pas les paroles, ceux-là qui n’entendaient pas les appels des fédérations de parents. Ils se rendent compte du manque de sanitaires, de savons, des salles surchargées, du manque de remplaçants et de personnels infirmiers, du manque de budget, soit du manque de considération de la communauté éducative. « Les parents n’attendent pas d’un ministre qu’il dise d’ouvrir davantage les fenêtres, mais qu’il indique quels sont les moyens supplémentaires. Où sont les salles qui devaient être mises à disposition par les collectivités pour accueillir ces classes dédoublées ? Et le recrutement d’enseignants pour les accueillir ? Il n’est pas question qu’une partie d’entre eux fasse l’école à la maison, avec leurs parents ». Mais il faut retenir sur l’annonce de M. le ministre de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports, le « si possible ». Tout est dans l’art de la nuance. Les enseignants se déplaceront à la place des élèves du second degré. Cela fait longtemps que notre fédération le demande pour cause de sacs trop lourds, mais dixit des classes éclatées au lycée pour spécialité ?         

Nous avons beaucoup de questions de parents : transports, gardes d'enfants, possibilité de cours à distance, sécurité, questions sanitaires sur les cantines avec le mètre entre groupes d’élèves et non entre élèves, l'internat…les 2 mètres de distance en cas d’activité sportive, mesure recommandée par le haut conseil de la sécurité publique, mais jugée insuffisante par des médecins et les parents... Inquiétudes des parents d’élèves en situation de handicap au niveau des accompagnements des AVS et décrochage. Le respect des gestes barrières avec un effectif maximum d'élèves est incompris alors qu’il était déjà périlleux lors du 1er confinement avec des effectifs minimum. Nous avons aussi beaucoup de questions de soignant mobilisé en plan blanc. Habituellement, les grands-parents (personnes à risque) les récupéraient les mercredis. Mêmes inquiétudes pour les parents qui travaillent à qui on demande de récupérer leurs enfants pour absence d'enseignants. Ceux qui restent au sein de l’école seront-ils encore rassemblés dans une autre classe ? Ou gardés par les grands-parents ? Les élèves de terminale après avoir subi les manques de l’an dernier sont très inquiets de ne pas pouvoir se rendre en cours, avec le post-bac en perspective. Pour les transports publics, les enfants attendent habituellement devant le lycée ou à la gare routière. Or avec le plan Vigipirate, les regroupements de personnes sont interdits.     

M. le DASEN de la Creuse nous a répondu sur ces points d’inquiétudes. Il indique que face au non-remplacement, les solutions sont traitées au cas par cas pour éviter les brassages et garder dans un premier temps les élèves qui ne peuvent pas rentrer chez eux au sein des établissements. La ressource en personnels remplaçants est insuffisante devant cette situation d’urgence. Les refus de port du masque sans dispenses médicales ne sont pas acceptables s’agissant de la santé de tous, soit la règle s’applique, mais après rencontre de la famille et discussion. Les absences pour difficultés de garde seront gérées au cas par cas selon les situations personnelles. Concernant les attroupements devant les établissements et en gare routière pour les collégiens et lycéens, le respect des règles de distanciation sociale seront rappelées par les chefs d’établissements et les forces de l’ordre, avec bienveillance et un aménagement à définir pour les fumeurs.  Sauf que la bienveillance n’est pas la règle, en témoigne une maman d’Aubusson, représentante de parents d’élèves : « Le vendredi des vacances, j’attendais mon fils devant l'établissement et entre 16h et 16h15, quand 3 voitures de gendarmerie sont arrivées. 6 gendarmes ont alors fait des contrôles sur les jeunes qui étaient présents : contrôles d'identités, fouilles des sacs, questionnement sur la détention de drogues et d'armes à feu !Je suis allée voir les gendarmes pour comprendre un tel déploiement qui à mes yeux pourrait « intimider », « angoisser » de jeunes collégiens. Il m'a été répondu que si c'était le cas, c'était tant mieux... j'en suis restée sans voix...…Je m'interroge toutefois sur les fouilles sur mineur (question de Droit), et aussi sur l'impact de ce type d'action sur l'état d'esprit des jeunes en cette période troublée (état d'urgence sanitaire, couvre-feu, libertés individuelles...). L’éducation plutôt que la peur, c’est ce que je souhaite que l'on transmette. » Cette situation se répète dans notre République depuis des semaines. Même si le danger est réel et qu’il faut appliquer la loi pour préserver nos jeunes, il faut de la mesure. Même constat sur la répression de la jeunesse qui demande à être mieux protégé. Nous sommes bien en guerre !

Une inquiétude de la FCPE Creuse dans la distribution des manuels scolaires aux terminales, s’agissant des parents qui ont tardé à valider leur e-coupon ou dont les enfants étaient absents à la distribution au sein des lycées. Avec le confinement, nous avons des questions quant à la commande des derniers livres, à leur acheminement, à l’autorisation de circulation des bénévoles, de notre secrétaire, des parents…Nous demandons à ce que les éditeurs mettent comme l’an dernier leurs manuels en libre accès numérique. 

Enfin, au-delà de notre statut de représentant FCPE de parents d’élèves du 1er et second degré, nous nous alarmons de la situation de nos étudiants. La dotation exceptionnelle de 150 € est dérisoire. Nous demandons un effort particulier.

Nous souhaitons bon courage aux enseignants, chefs d’établissement, personnels de notre école républicaine, élus, aux services de l’inspection et du rectorat pour gérer cette seconde vague de pandémie plus difficile, dans un contexte de terrorisme sans plus de moyens alloués. Nous enjoignons Mme la Rectrice à demander plus de moyens à M. le Ministre pour faire face à cette situation exceptionnelle. »

La présidente de la FCPE Limousin a poursuivi par la lecture de la déclaration commune à plusieurs organisations : « Les organisations FSU, FNEC FP-FO, SUD Education, UNSA Education, Sgen-Cfdt, SNALC, CGT Educ’action, SNCL - FAEN, FCPE et UNL ne considèrent que la situation actuelle nécessite la présence massive et urgente de personnels dans les écoles, collèges, lycées. Elles demandent au ministre de l'Education nationale de procéder au recrutement de ces personnels dès la reprise du 2 novembre, en particulier en ayant recours aux listes complémentaires des concours, et en ré abondant les listes complémentaires lorsque cela s’avère nécessaire. Nos organisations invitent les personnels et les parents d’élèves à se mettre en contact dans les départements dès la reprise et à agir en commun pour porter cette demande en direction des IA-DASEN, des Recteurs et du Ministre. à Paris, le 1er novembre 2020 »

*Le Conseil académique de l’éducation nationale Le CAEN est composé de 72 membres : un tiers d'élus, un tiers de représentants des personnels, un tiers de représentants des "usagers" (parents, étudiants, syndicats, etc.). Il est présidé par le préfet de région ou le président du Conseil régional.  Ses missions : il peut être consulté et émettre des vœux sur toute question relative à l'organisation et au fonctionnement du service public d'enseignement dans l'académie. Il examine le schéma prévisionnel des formations secondaires, le programme d'investissements, de subventions de fonctionnement des lycées, la formation continue des adultes, l'enseignement supérieur

Infos pratiques

Mme Anne Laude, Rectrice de l’académie de Limoges a expliqué le changement de rentrée due aux circonstances exceptionnelles de l’état d’urgence attentat, afin d’éviter les attroupements à l’entrée des établissements scolaires.

Concernant les manques de moyens, elle a énuméré le nombre de postes complémentaires sur l’académie : 12 postes en 1er d, 17,5 en 2nd d, 5,5 HSA(heures supplémentaires annualisées) avant la rentrée plus de 9600 HSE( Heures supplémentaires effectives ponctuelles) ainsi que 2 postes contractuels d’Infirmier.

Mme la rectrice a réaffirmé l’attention particulière cette année sur la journée de la Laïcité (le 9 décembre) qui sera développée sur une semaine. Les présidents des FCPE de l’académie en avaient rappelé l’importance lors de la réunion pendant les vacances suite à l’acte terroriste sur le professeur. Beaucoup de parents méconnaissent également la définition et les règles définies par la loi.

M. le Vice-président du Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine, Jean Louis Nembrini, a fait état de la mise à disposition de plus de 500 contractuels, des efforts sur les zones blanches, des dotations en numérique (prêt de plus de 1000 portables) et à noter la dotation en clés 4G en réflexion pour les parents sans solution de couverture et en difficulté financière (la FCPE Creuse l’a demandé à chaque réunion).

Concernant les transports, des discussions sont en cours pour améliorer le réseau et l’adapter au mieux aux besoins des familles (nos administrateurs FCPE Creuse en charge du transport sont en contact avec le représentant du département pour vous aider. N’hésitez pas à les contacter par mail). Le cas du collège de Chatelus Malvaleix a été rappelé : Il est inconcevable que les 18 élèves de SEGPA arrivent en cours 20 min en retard et doivent repartir 20 min avant la fin des cours. Il est étonnant que cette situation dure depuis plusieurs années sans solution. Une maman d’un enfant concerné a fait appel à la FCPE départementale et les enseignants de leur côté leurs représentants. M. Nembrini, a bien pris la mesure de ce problème. 

M. Nembrini a ensuite indiqué le maintien de la dotation de fonctionnement (participation globale de la région au fonctionnement des lycées sur les dépenses pédagogiques, les charges, le chauffage…) malgré la baisse des effectifs ; il a réaffirmé l’attachement de la région à accompagner les familles en difficulté par le choix de la tarification sociale.

Les cartes de formations présentées répondent à 4 critères : le numérique, la transition écologique, l’équilibre offre et demande des étudiants. Retrouvez la carte des formations et des campus des métiers sur le site.

Le volet orientation est très important, car les pré vœux seront demandés dès le mois prochain sur les feuilles de lien à l’occasion du conseil de classe. La forme sera aménagée en lien avec les établissements, suivant l’évolution du confinement.

Concernant les distributions de manuels scolaires aux terminales, un point sera fait avec les librairies, la préfecture et les lycées afin de finaliser les validations de e-coupon des familles en retard, et d’assurer la distribution par les associations partenaires en respectant les mesures sanitaires. Il s’agit d’autoriser les déplacements Librairies/Lycées ou locaux des associations.

M. le Vice-président du Conseil régional va étudier la faisabilité au cas par cas des propositions de la FCPE sur le dédoublement des classes d’élèves : au sein des lycées et locaux de la région, le cours est assuré en présentiel à un demi-groupe et en simultané en distanciel dans une autre salle avec un personnel.

Concernant l’annonce de manifestation d’élèves annoncées, le rectorat n’a pas été informé, mais accompagnera au cas par cas