Lycées en Limousin en question- CAEN juin 2019

Déclaration liminaire de la FCPE Limousin, CAEN du Mercredi 19 juin 2019
Madame la Rectrice, Monsieur le Vice-Président du conseil régional, Mesdames, Messieurs les membres du CAEN,

Nous sommes le 19 mai, J+3. Les organisations syndicales ont appelé au boycott de la surveillance des épreuves du Baccalauréat, pour espérer se faire enfin entendre de Monsieur le Ministre de l’Education Nationale. Il y a urgence du retour au dialogue social comme l’a rappelé la FCPE dans un communiqué de presse du 31 mai.

Les réformes des lycées, la liberté de choisir son avenir professionnel, la loi « école de la confiance »… la communauté éducative, et tout particulièrement la FCPE, ne se retrouvent pas, car non écoutées, ignorées. Syndicats comme associations, nous jouons notre rôle. Nous relayons la parole des parents. Nous témoignons de l’inquiétude des premiers concernés : les jeunes, nos jeunes ! Nous avons interpelé, proposé, expliqué nos craintes devant les spécificités de notre académie rurale. La FCPE pensait la coéducation en voie d’acquisition. Il y a eu beaucoup de dates de manifestations en Limousin et dans tout le territoire. En Creuse, le 7 mai, l’appel à la grève des parents a été suivi jusque dans les écoles non menacées de fermeture de classe. L’inquiétude est grande sur le flou de la réforme du lycée et la loi dite « de la confiance ».

Les Conseils départementaux de l’académie ont bien été reçus par les services du Rectorat, mais les changements sur les spécialités, la dgh…, sont à la marge : Non dédoublement sur de nombreux lycées et collèges sur Favard à Guéret, Loewy à la Souterraine, Veil et Darsonval à Brive, Lavoisier à Cabanis, Jamot à Aubusson… Ce sont des heures de cours en moins pour les élèves en lycées généraux et professionnels, des AVS en moins...On paye l’obligation de rendre des postes au national. Les enseignants, les CIO, les inspecteurs assurent avec les moyens qu’on leur donne, l’encadrement des élèves, l’accompagnement : leur mission. Ces demandes de dialogue et non d’écoute, ont donc été faite au plus haut. M. le Ministre persiste et signe par son absence au congrès FCPE de Grenoble.

Les parents avaient bien retenu sa promesse sur le choix donné à l’élève : il pourra choisir la spécialité sur un lycée hors secteur. Mais il y a les astérisques sur la plaquette : à condition qu’il y ait de la place, car les lycéens de secteur sont prioritaires et sous condition de notes correctes, sans oublier de demander 3 spécialités.

Nous avions eu heureusement une écoute du Conseil Régional sur un aménagement du règlement intérieur des transports. Il n’ajoutera pas de pénalité financière aux élèves suivant une spécialité hors secteur, ceci en attendant une harmonisation vers le haut ou mieux la gratuité, suivant les nombreux exemples sur le territoire français, et un retour sur la règle des 3 km, point d’achoppement.

Nous n’imaginions pas la pénalité du CNED avancé comme solution d'enseignement par le ministère. Inacceptable!

Hier, nos représentants FCPE de la Corrèze ont appris être écartés de la commission de dérogation entrée en 1re pour les spécialités. Des dizaines de familles les ont contactés, inquiètes pour le choix de spécialités de leur enfant. Cette commission n’accepte pas de représentants de parents. Il y a des dizaines de demandes pour les spécialités à Darsonval. Accepter une spécialité sur 3 est insuffisant. Monsieur le Ministre a ainsi l’occasion de mettre en application sa devise « le choix aux élèves ». Qu’en est-il ? La réunion a eu lieu ce matin. Pas de commentaires. Sauf que nous dénonçons encore la mise en concurrence des lycées et demandons des créations de spécialités selon les vœux des élèves sur leur propre lycée et selon les engagements de Monsieur le Ministre.

Ces élèves comme beaucoup d’autres abandonneront, par résignation. Quelques-uns iront dans le privé, mais nous sommes dans une académie au revenu fiscal moyen par foyer inferieur à la moyenne nationale (pour exemple en Creuse, il est de 1631 € en 2015 soit en dessous de plus de 500 de la moyenne nationale et en dessous de 350 de la Région Nouvelle Aquitaine)... Monsieur le Ministre présente sa réforme comme une chance pour une orientation choisie avec un équilibre d’offre de spécialités sur les académies, avec un ajustement par lycée de proximité. Madame la Rectrice nous a répondu au dernier CAEN être au plus près des demandes des lycéens pour établir la carte des spécialités. Mais quand le choix est déjà réduit sur la carte, que les élèves ont l’habitude de ne pas avoir d’ambition dans notre académie rurale, quand ils se comparent aux lycéens des grandes agglomérations ou les transports, l’offre culturelle, l’orientation, les ouvertures hors frontière, le tutorat, etc., ne sont pas sur la même échelle, comment peuvent-ils avoir de l’ambition ? Comment sortir notre académie de sa différence ? Nos enfants seraient-ils des oubliés ?

Donc, la FCPE Limousin comme Nationale continuera de manifester contre cette réforme hâtive qui renforce les inégalités dans une logique certificative à tout crin pour répondre toujours mieux au marché de l’emploi ou aux besoins des entreprises.

Nous demandons que tout soit mis en œuvre pour que les élèves soient affectés dans le lycée qui propose les trois spécialités demandées. Le refus serait totalement contraire à l'esprit de la réforme qui prône une liberté de choix de l'élève.

La FCPE continuera son rôle d’accompagner les familles et de défendre le droit à la réussite, pour notre Ecole de la république, laïque, gratuite, publique.

Je vous remercie. Sylvie Sergeant, présidente de la FCPE Limousin.

 

 

 

 

 

Infos pratiques

A la question sur l'ouverture de classe à la rentrée sur le lycée demandé pour suivre la spécialité ou l'ouverture sur le lycée d'origine, selon un nombre de demandes conséquent : Mme la Rectrice a répondu que le nombre de demandes n'était pas important et que les situations seraient étudiées...

Selon un article dans la Montagne, du 17 juin, Brive : "A d'Arsonval, quatre à six suppressions de postes sont escomptées pour la rentrée prochaine, sans compter les quelque 90 élèves qui manqueraient à l'appel dans des spécialités particulières, faute d'avoir obtenu une dérogation pour quitter leur établissement d'affectation. A Danton (le désormais bien-nommé Simone-Veil), ce sont les filières technologiques qui vont pâtir, à la rentrée, de la réforme du lycée ; une classe de STMG en moins, moins aussi de STI2D et moins de premières à Cabanis."(article de Julien Bachellerie)